Récit de guerre - War 121

Coude à coude

Récit de guerre du caporal Cillian Mercy racontant son combat dans les bois de Terrapin. Après un assaut surprise des forces coloniales qui avait pris de cours et repoussé les forces wardens, ces dernières parvinrent à se regrouper et stopper tant bien que mal l’avancée ennemie dans la forêt.


“La forêt était un carnage. Chaque arbre, chaque tronc, chaque rocher abritait un ennemi, et il fallait se battre pour chacun d’entre eux pour avancer. Les coloniaux savaient que rester à couvert était leur seule chance de survie, et ils se battaient bec et ongles pour nous empêcher de les en déloger.

Pendant ce temps-là, la route était le champ de bataille des véhicules de soutien d’infanterie. Le vacarme des tirs était incessant, les deux camps vomissant un torrent de balles et d’obus pour tenter de repousser l’autre en vain. Aucune infanterie n’osait s’approcher de ces colosses de métal, c’était la mort assurée. De temps en temps, nous entendions des véhicules exploser, mais ceux-ci étaient très vite remplacés par d’autres qui prenaient leur place dans ce carnage de métal sans fin.

Alors que nous nous élançions pour prendre d’assaut une position ennemie en amont au milieu des arbres, mon escouade s’est faite décimer par la mitrailleuse lourde postée en haut de celle-ci. Malgré la perte de mes camarades, j’ai réussi à grimper la butte et je pensais me retrouver sur le flanc du mitrailleur. Cependant celui-ci avait déjà tourné son canon vers moi et m’aurait abattu sans l’aide de ce soldat Nicnevien. Il avait monté l’autre versant et parvint à abattre le colonial avant que celui-ci ne presse la détente. Ne parlant pas sa langue je ne pouvais le remercier de vive voix, mais nos regards étaient suffisants pour témoigner notre respect mutuel.

Alors que nous nous apprêtions à rejoindre le combat en descendant le versant opposé, au milieu des buissons nous avons fait une découverte inattendue : un canon antichar Caoivien. Celui-ci avait sûrement été volé par l’ennemi durant notre débâcle il y a 2 heures. Il était chargé, des obus prêts à l’emploi gisaient à côté, et derrière les arbres nous pouvions distinguer le flanc de la ligne de véhicules Mésséens. D’un simple regard, le Nicnevien et moi-même avons pris la même décision.


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Le bruit du canon était assourdissant, chaque tir sonnait comme si le tonnerre tombait sur nous. Mais il était diablement efficace. Chaque tir était suivi d’une explosion sur la route et des cris des républicains qui vociféraient des ordres pour tenter de maintenir l’ordre dans la ligne coloniale. Alors que le carnage continuait, l’infanterie coloniale avait enfin trouvé notre position et avançait, nous forçant à reculer dans la forêt.

Ayant retrouvé nos lignes, nous avons décidé de rejoindre la route pour soutenir nos forces blindées. Bien que nous ayions porté un coup dur aux forces blindées ennemies, il ne fallut pas longtemps pour que d’autres prennent leur place.


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Rechargement, visée, tir. Rechargement, visée, tir. Bien que nous ne nous connaissions que depuis quelques minutes, l’adrénaline et la ferveur du combat nous faisaient tourner comme une machine bien huilée et expérimentée.

Les blindés ennemis tombaient les uns après les autres et je continuais d’approvisionner le canon en obus. Les minutes passaient et le vacarme continuait sans relâche. Mes oreilles devenaient douloureuses à cause du sifflement des balles de mitrailleuses et des tirs du canon.


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Les minutes se transformaient en heures et le combat ne cessait pas. Je distinguais que les combats étaient toujours aussi intenses dans les arbres sur les bords de la route, et aucun camp ne s’avouait vaincu. Chaque mètre était payé dans le sang et la douleur, et la forêt se transformait en véritable charnier.

Et finalement, quelques heures plus tard, alors que je chargeais nos derniers obus, un sifflement retentit et les officiers coloniaux crièrent des ordres dans leur langue que je ne comprenais pas. Les forces ennemies commençaient à reculer. Ce qui était il y a quelques minutes encore un champ de bataille fourmillant de soldats et de véhicules et dominé par un vacarme incessant était désormais silencieux. Ce silence, après des heures de cris et de tirs, était à la fois un soulagement mais aussi angoissant.


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Nous nous regardions entre nous, tous surpris et inquiets. Était-ce la fin ? Ou est-ce que l’ennemi préparait un nouvel assaut ? Après une dizaine de minutes d’anxiété à guetter les arbres et la route, scrutant pour tenter de discerner une présence ennemie, nos officiers annoncèrent enfin la nouvelle que l’on espérait : L’ennemi avait battu en retraite, nous allions nous mettre en route pour revenir à la base.

Le silence de l’attente et de la peur fut chassé par les cris de joies et les chants de victoires. Incrédules de cette victoire inespérée, nos supérieurs ont essayé en vain de maintenir le calme durant notre retour triomphal à la base.

Quelques jours plus tard, avant de rejoindre mon camion qui allait m’emmener à ma prochaine affectation, j’ai pu retrouver ce soldat Nicnevien avec qui j’avais combattu. Bredouillant les quelques mots de remerciement Nicnevien que j’ai tenté d’apprendre durant ces quelques jours, nous nous sommes ensuite quittés sur une accolade. Alors que je voyais la base s’éloigner au loin à bord de mon camion, je priais pour le revoir un jour.”