Récit de guerre - War 120

Les marins de Conclave

Première partie du journal du Soldat Dermot GOUGH, narrant son assignation à Conclave et ses premières missions dans l’atoll Oarbreakers.

Membre d’une fratrie de 4, j’étais originellement chauffeur de taxi. Originaire des régions de l’ouest (proche de Nicnevin), notre famille vivait modestement mais convenablement. Mais c’était sans compter la perfide offensive Mésséenne. Nous savions que notre devoir était de défendre notre Patrie, et nous nous sommes empressés de nous enrôler.

Je fus tout d’abord envoyé à la division logistique navale des îles Oarbreakers. Puis, quelques semaines plus tard, j’ai été affecté à l’île de Silver dans le même atoll.

Reconnu pour mon courage et ma détermination face à l’ennemie durant la première invasion coloniale majeure sur l’île, je pu enfin rejoindre les divisions combattantes, toujours à Silver.
Ceci n’était cependant que le début de mon combat sans relâche contre la vermine, et dès lors j’eu l’honneur et la joie de combattre coude à coude avec mes frères d’armes.

Ne nous contentant pas de seulement repousser les assauts, nous avons décidé de reprendre le contrôle de notre territoire. Jour après jour et île après île, nous avons fait connaître l’enfer à ces chiens, et ce jusqu’à notre victoire triomphale à Eidolo.

En ce jour d’hommage aux Héros de la grande guerre, je souhaite commencer à partager avec vous une partie de mon journal de soldat. Ce en honneur et remerciement à tous ceux qui ont tant donné pour Caoiva, et dont nous n’oublierons ni le nom ni le sacrifice.


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Jour 3

Cela fait désormais 3 jours que la République a lancé l’offensive. Alors que certains de mes frères ont la chance d’être sur le front pour protéger nos terres, j’ai été affecté aux îles Oarbreakers. Une poignée de cailloux dans l’océan à l’ouest du continent ! Et pire encore, je fais partie de la division de ravitaillement, comment pourrais-je défendre ma patrie ainsi ? Mon seul réconfort c’est que les véhicules nous gardent au chaud, tout le monde n’a pas cette chance…


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Jour 7

Chaque jour, on envoie toujours plus de pelotons libérer les petites îles entre Conclave et l’île fortifiée d’Integrum. Cette dernière a été volée par les coloniaux dès le premier jour de la guerre, et fait office d’adversaire à notre forteresse logistique de Conclave. Nous reprenons ces îles un jour pour les perdre aux envahisseurs le lendemain. Cela ne peut plus durer, ces terres sont à nous et les Méséens n’ont rien à y faire ! Demain on m’envoie approvisionner certaines de ces îles en matériel et en hommes. J’espère qu’on pourra y trouver de la vermine coloniale, j’ai hâte de leur faire payer l’affront de cette guerre !


Jour 8

Chacune de ces îles n’était qu’un tas de cailloux et de sable, orné d’un bâtiment en ruine qui sert de base. Du moins, c’est ce que je pensais en les regardant au loin depuis notre bateau. Mais une fois à terre, on remarque enfin le sol parsemé d’uniformes. Des soldats, gisant sans vie, en tenue verte ou bleue. Derrière une caisse, dans un buisson, sous un arbre… Partout, on peut voir les vies gâchées par l’envahisseur. Peu importe combien de temps cela prendra, ces crimes ne resteront pas impunis.


Jour 13

Nous enchaînons les aller-retour entre Conclave et ces petites îles. C’est une boucle sans fin. Personne n’arrive à les garder sous contrôle et chaque jour on envoie toujours plus de matériel et d’hommes, pour recommencer le lendemain pour reprendre l’île. Plusieurs fois déjà, en déposant une caisse de matériel, je reconnais parmi les cadavres le visage de certains des soldats que j’ai emmenés ici le jour précédent. Les rares fois où ils parviennent à défendre l’île durant la nuit, on les retrouve le lendemain, le visage livide. Exténués, couverts de sang et de boue, c’est à peine s’ils nous remarquent et nous regardent. Et lorsque nous repartons enfin pour Conclave, ils nous jettent enfin un regard. Un regard las, plein de mélancolie, et de regrets. Mais on ne peut pas abandonner, et nous continuerons d’apporter du matériel. Pour Caoiva !


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Jour 19

Chaque jour, les combats deviennent de plus en plus intenses. Les îles deviennent des charniers toujours plus violents. Jusque là, chaque camp utilisait de simples pistolets, voire des fusils comme le loughcaster, on se rapprochait plus de l’escarmouche. Mais dorénavant on retrouve les cadavres troués de balles de pistolets mitrailleurs, parfois déchiquetés par du shrapnel ou encore pulvérisés à la mitrailleuse lourde. Les cadavres sont méconnaissables, et la terre et le sable se gorgent de sang. Ce front supposé secondaire s’intensifie et nous aurons besoin d’assistance si on espère triompher.


Jour 22

Le commandement a demandé au continent des renforts et du matériel plus efficace, mais nos demandes ont été refusées. De ce qu’on entend dans les couloirs, les fronts terrestres continentaux auraient été pulvérisés et les lignes coloniales s’enfoncent dans nos terres. Tout le matériel et personnel prioritaire seraient envoyés là-bas, abandonnant notre Atoll et nos troupes à leur propre sort.


Jour 26

Ils ont envoyé Fionn sur l’île de Gold. Il était à la logistique avec moi depuis le premier jour. Les effectifs doivent commencer à manquer, et ils piochent où ils peuvent. Ce n’est sûrement qu’une question de temps et de chance avant que mon tour vienne.


Jour 28

Comme je m’y attendais, par groupe nous nous sommes fait convoquer dans les bureaux des chefs. Cependant à notre grande surprise, ce n’était pas seulement pour nous envoyer au casse-pipe sur ces îles. Duncan Mercy venait de se voir assigner le commandement de l’atoll Oarbreakers, et il avait pour ordre de tenir les îles coûte que coûte. Ainsi, cette réunion n’était pas une préparation pour une offensive, mais un plan de fortification, d’entretien et de logistique des îles auxquels nous allions être affectés. Il n’était plus question de prendre ces îles, les perdre puis les reprendre le lendemain. Sacrifiant inutilement des ressources humaines et matérielles. Nous allons les prendre et les garder bec et ongles, ou mourir en essayant.


Jour 37

Nous sommes à peu près 300, et nous venons de débarquer sur l’île. Elle est pour l’instant vide et occupée par un bâtiment en ruine. Mais cette île va devenir notre île. Nous allons y construire, y vivre, y manger, y apporter nos vivres et notre matériel. Et nous la défendrons, et saignerons ce qui tenteront de nous en déloger. Cette île, c’est désormais notre foyer, notre maison. Et également notre cimetière.

Cette île s’appelle Silver, et dès nos premiers pas sur sa plage, nous clamons haut et fort aux coloniaux :

« Silver ne tombera pas »


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